La femme perplexe

Genre : comédie

Distribution : 1 femme

Durée : 1h20

Editeur : Tertium. Collection Théâtre en Poche

Résumé :

C’est le récit d’une femme face à sa vie et à son placard. Un placard qui lui sert de confident, de confessionnal, d’exutoire. Elle s’interroge sur son aptitude au bonheur ; son incapacité à rassurer son chien dépressif, son amant complexé par la taille de son sexe ; incapacité à dompter son téléphone portable, à recevoir des fleurs sans pleurer. Elle attend l’homme qui changera tout, l’homme de sa vie, le prince charmant qui se cache dans son placard. C’est drôle et dérisoire, drôle et humain, drôle et sensible, drôle et pas drôle…

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Extrait

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Marc, son problème, c’est son zizi. Il lui remplit la tête. Il le trouve trop petit. Et un zizi, bizarrement, plus c’est petit, plus ça remplit la tête. Je pense même que ça finit par boucher la vue. C’est pour ça qu’il est myope, Marc. Et comme la myopie rétrécit les objets, il le voit encore plus petit qu’il n’est en réalité.

     –   Comment tu le trouves ? il me demande.

     –   Normal. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?

     –   Comment tu le trouves… en comparaison.

     –   En comparaison avec qui ? Avec Jérôme, avec Antoine, avec Sébastien, Maxence, Edouard, Rachid, le garagiste, ton père, ton frère, le chien ???

     –   Mais non, t’es bête. Avec la moyenne nationale.

     –   Quelle moyenne nationale ? Celle du Gabon, du Mali, du Burkina Faso, des îles Borromées, du Japon, de la Nouvelle Guinée ou de la Laponie ?

     –   Tu ne vas pas me dire que tu connais la longueur moyenne du sexe masculin en Laponie ?

     –    Et pourquoi pas ? On trouve tout sur Internet !

Il m’énerve avec son truc. Parfois je le vois qui le secoue comme on fait avec un stylo, pour faire descendre de l’encre. Il pense peut-être qu’il y en a encore un bout à l’intérieur qu’est pas descendu.

Moi je suis là, mine de rien, je le regarde et je dessine des oiseaux avec le mien de stylo

       Elle éclate de rire.

Le petit oiseau !!! Un jour, il l’a mesuré avec mon mètre de couturière. Il m’a apporté la preuve comme quoi il était nain du côté génital.

     –   Regarde ! 17 centimètres. Tu ne vas pas me dire que c’est une taille normale ?

Je la connais la taille de son zizi, il n’avait pas besoin de le poser sur mon mètre ruban comme un charcutier qui vend son andouillette.

     –   Je vous en ai mis 17 centimètres, madame Sylvie. Elle est belle, vous m’en direz des nouvelles.

Il promenait l’étalonnage de son sexe à travers la maison en se lamentant, en le comparant au tube de dentifrice, aux légumes, à son tournevis, aux cuillères, aux fourchettes…

     –   J’ai le zizi plus petit qu’une fourchette, il me dit !

     –   Mais qu’est-ce que j’ai besoin qu’il soit long comme une fourchette, Marc ? J’en ai pas la même utilisation !

       Elle rit.

Qu’est-ce que c’est bon de rire !

L’autre jour j’étais en train de vider les poissons, j’avais les gants Mappa et je tirais sur les boyaux et le voilà qui arrive, nu comme un ver, avec son petit boyau à lui qui gigotait entre ses cuisses.

     –   Enfile-moi un préservatif,  il me dit, tu verras qu’il ne tient pas.

     –   Marc !! Tu as des préservatifs ? Ca fait 7 ans qu’on couche ensemble et maintenant tu achètes des préservatifs ?

     –   Je les ai achetés exprès pour l’expérience, il me dit. J’ai pris la plus petite taille, tu vas voir que je flotte dedans.

     –   Marc, tu deviens vraiment con !

     –   Vas-y, toi, la menteuse qui dit que tout va bien, que je suis normal, que j’ai un piston de compétition – alors que tu n’y connais même rien en mécanique –  mets-le moi, tu vas voir comme je suis ridicule avec ça. On dirait un nain habillé en XXL.

     –   Mais Marc, je peux pas t’enfiler un préservatif.

     –   Pourquoi ? Ca te dégoûte ?

     –   C’est pas ça ! Comment veux-tu que je t’enfile un préservatif si tu es au repos ?

Et là, j’ai vu Marc devenir aussi vert que le ficus.

     –   Je ne suis pas au repos, Sylvie !

Je lui ai confisqué la boîte.

Il est reparti pleurer dans la salle de bains avec ses petites fesses qui clapotaient, on aurait dit un cheeseburger qui va se jeter dans le lavabo.

Non mais ! Qu’est-ce qu’ils ont tous à complexer de ce côté-là ?

…/…