Affrontements

Genre : recueil de 9 textes courts

Alice, ma sœur (30mn) – Le trou (5mn) – Le plagiaire (5mn) – Le secret (30mn) – Une envie de rien (6mn) – Les mains (15mn) – Le type d’en face (7mn) – Belle comme un catafalque (20mn) – Post-mortem (30mn)

Editeur :  La Fontaine

Résumé :

« Parfois par jeu, parfois par désœuvrement, parfois pour la survie, souvent pour le pouvoir, ou par amour, les êtres s’affrontent. C’est la fameuse loi du plus fort qui existe depuis toujours, depuis la formation de l’univers puisque les galaxies s’attirent et se repoussent comme des taureaux de combat. Dans « Affrontements », au cours d’une dizaine de joutes orales, tantôt drôles, tantôt rudes, les hommes, les femmes vont jouer au loup et à l’agneau, à David et Goliath, à Pincemi et Pincemoi, à celui qui aura le dernier mot. Et si ce n’était pas qu’un jeu ?« 
A.G Haudricourt

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Extrait

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LE SECRET

Personnages:

CHARLES, le père

FRANÇOIS, le fils

*   *   *

Nous sommes dans un pavillon de province. Sonnette à la porte d’entrée. Deux pas traînants vont ouvrir.

CHARLES (sans émotion excessive)

Ah tiens, c’est toi….entre.

Ils font deux pas. La porte est refermée, on s’embrasse.

FRANÇOIS

Bonjour.

CHARLES

Bonjour, bonjour….C’est gentil de penser à son vieux père…Assieds-toi, tu as dîné ?

FRANÇOIS

Oui, oui. Ne te dérange pas pour…

CHARLES (poursuit, sans écouter)

Tu veux une tisane ?

FRANÇOIS

Ah non, merci.

CHARLES

Moi j’en prends tous les soirs. Tu préfères autre chose ? Un café ? Un digestif ? J’ai du cognac. Un coup de rouge ?

FRANÇOIS

Non, je te dis, ça va, j’ai besoin de rien.

Un temps.

CHARLES (agacé)

Mais assieds-toi, on dirait que tu vas repartir.

FRANÇOIS

Je ne reste pas longtemps.

CHARLES

Oh je m’en doute. Jim l’éclair !…Il est entré par ici, il repartira par là… C’est pas ton genre de prendre racine, hein ?

FRANÇOIS

Commence pas…

CHARLES

Je commence rien. Je dis simplement qu’on te voit plus souvent de dos que de face.

       Silence. François marche dans la pièce. Charles développe un bonbon.

CHARLES

Puisque c’est soir de fête, allez hop, je m’accorde une sucrerie… Bien évidemment, tu n’en veux pas ?

FRANÇOIS

Non.

CHARLES

Qu’est-ce que je disais ! Ca fait six mois qu’on ne l’a vu, il revient et c’est pour dire non à tout, pour refuser ce qui pourrait ressembler à un cadeau. T’as pas changé, hein ? Toujours aussi hargneux.

FRANÇOIS

Je suis pas hargneux, papa, je sors du restaurant, j’ai plus faim, c’est tout.

CHARLES

Du restaurant ? Où ça ?

FRANÇOIS

En ville.

CHARLES

Ici ?

FRANÇOIS

Oui.

CHARLES

C’est la meilleure ! Tu viens ici et tu dînes en ville ? Pourquoi t’as pas téléphoné ? J’aurais mis les petits raviolis dans les grands, sorti la broderie du chlorobenzène, briqué l’argenterie. J’ai beau n’être qu’un vieux croûton, je sais encore mitonné des petits repas. Pourquoi t’as pas prévenu ?

FRANÇOIS

Parce que j’étais pas sûr d’être libre. Je suis parti des studios en coup de vent et ensuite j’ai plus pensé.

CHARLES

Ça passe 200 coups de fil par jour à l’autre bout du monde et ça ne pense pas à appeler la province ! … (il rit un peu, moqueur, puis se calme)…Ça marche ton boulot ?

…/…