Compagnons ou les enfants du trimard

Genre : Comédie historique

Distribution : 2 femmes, 3 hommes

Durée : 1h30

Editeur : L’Harmattan

Résumé :

Deux compagnons sont sur leur Tour de France, le Trimard comme ils disent. L’un et l’autre appartiennent à des sociétés différentes et rivales. Si les Compagnons du Devoir topent, ceux du Devoir de Liberté ne topent pas. Et dès lors s’affrontent. Sur le chemin de la tolérance et de l’acceptation de l’autre, à la découverte d’un univers méconnu, ils iront de surprise en surprise, la première étant que sous les traits d’un ouvrier peut se cacher une femme en quête de justice. Sur les routes de France, en multipliant les rencontres, ils iront jusqu’au bout de leur engagement, réalisant un chef-d’œuvre  commun et rêvant à l’unification des sociétés.

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Extrait

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Rencontre d’Abel et d’Armand

Alors qu’ils chantent chacun leur chanson, les deux compagnons se rencontrent. Abel s’arrête de marcher et de chanter. Armand, lui, s’arrête de marcher et chante encore une fois son couplet comme pour tester le compagnon qui lui fait face.

ARMAND

Tope, pays !

ABEL

(ne répond pas)

ARMAND

Tope, pays, j’ai dit !

ABEL

Toper c’est défier. Pourquoi ne pas nous saluer tout simplement ?

ARMAND

Vous n’êtes pas ouvrier ?

ABEL

Ouvrier tout comme vous.

ARMAND

Alors tope, pays ! C’est la tradition.

ABEL résigné

Tope !

ARMAND

Quelle vocation ?

ABEL

Tailleur de pierre. Et vous, le pays ?

ARMAND

Menuisier. Compagnon ?

ABEL

Oui, le pays. Et vous ?

ARMAND

Compagnon aussi. De quel côté et de quel Devoir ?

ABEL

Du côté qui n’est pas le vôtre et d’un autre Devoir. Est-ce une raison pour nous battre ?

ARMAND

Tu es donc un gavot ?

ABEL

Pas gavot mais tout comme. La Patience de Rochefort, compagnon du Devoir de Liberté, Enfant de Salomon.

ARMAND

Charogne puante, oui ! montrant ses gants blancs. Je n’ai pas de sang sur les mains, moi.

ABEL

Je n’ai pas besoin de cacher les miennes par des mitaines pour le prétendre.

ARMAND

Tu donnes le baiser de la paix et tu parjures ! Et c’est Armand le Saintongeais, Enfant de Maître Jacques, qui te le dit. Passe ton chemin ou tu vas tâter de ma canne.

ABEL

Passe toi-même, puisque tu es mal embouché.

ARMAND

Vermine, tu déshonores le monde ouvrier.

ABEL

C’est compter sans les punaises qui te sortent du bec.

ARMAND

Tais-toi bâtard d’étranger, chiasse jaunâtre et puante, tu dégueules de l’ordure par tous les pores.

ABEL

Voilà des injures qui sortent d’un trou que je ne torcherais même pas avec une feuille d’ortie.

ARMAND

Il faut que je t’ouvre, que je t’étripe pour te faire taire ?

ABEL

Touche-moi de ton ombre et je répands ta peau sur la terre avec les boyaux en couverture.

ARMAND

C’est ton sang qui va l’imbiber le premier.

Comme s’ils étaient à bout d’insultes, ils lèvent leurs cannes et commencent à se combattre. La scène doit être très vive, très violente mais aussi très esthétique. Proche des arts martiaux.