
Genre : Comédie sociale
Distribution : 12 femmes, 1 homme
Durée : 2h
Editeur : L’Harmattan
Résumé :
C’est l’histoire tout d’abord très simple et très riante d’une compagnie de théâtre amateur uniquement constituée de femmes. Alors qu’elles sont à la recherche du texte qui leur permettra, à toutes, de jouer dans le spectacle de l’année, vient se greffer la perspective d’une expulsion de leur lieu de répétition. La municipalité a en projet de vendre le théâtre, peu rentable, à une commerçante en recherche d’expansion. A l’idée de perdre leur seule part de joie et de liberté, les douze femmes – d’âges et de conditions sociales très divers – vont alors entrer en lutte et s’opposer à la démolition de leur espace de rêve.
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Extrait
…/…
JUDITH (aimable)
Tu nous as encore gâtées ! Hum, ça a l’air fameux. Tu as dû passer ton après-midi à faire de la pâtisserie.
JACQUELINE
Penses-tu ! Je les ai achetés à la supérette en venant. Même pas terribles ils seront meilleurs que si ça avait été les miens.
JUDITH
Dis pas ça, ils sont bons tes gâteaux.
Judith regarde sa montre.
JUDITH
Ça commence bien. Huit heures et on n’est que deux. A quelle heure serons-nous au complet ?
JACQUELINE
Si on est au complet.
JUDITH
Et comme chaque année ça va être : on n’a pas trouvé de garçons, ils étaient pas intéressés, qu’est-ce qu’on va pouvoir monter entre filles ? Et tu vas avoir les pièces incontournables qui vont revenir, « Le lavoir », « Transport de femmes », « Légère en août » et l’autre… celle de Robert Thomas…
JACQUELINE
Huit femmes.
JUDITH
Voilà, « Huit femmes ». Toujours pareil ! Tu as amené quoi, toi ?
JACQUELINE
« Huit femmes ».
JUDITH
Merci Jacqueline, très original !
JACQUELINE
T’es drôle, c’est qu’il n’y en a pas tant que ça des pièces pour femmes. Les auteurs manquent vraiment d’imagination. « Douze hommes en colère », ça oui, mais « Douze femmes et un couffin », y’a personne pour l’écrire.
Quelqu’un entre en trombe, traverse la salle, grimpe sur le plateau, jette ses affaires sur une chaise, passe de jardin à cour au pas de charge, sans rien dire et se rue vers les toilettes en faisant de grands gestes. C’est Chantal.
JACQUELINE
C’est la nouvelle mode ? On ne dit plus bonjour ?
JUDITH
Y’a urgence.
JACQUELINE
D’accord, y’a urgence, mais ça n’empêche pas d’ouvrir la bouche à ce que je sache. C’est pas des vases communicants.
JUDITH
Ne t’impatiente pas trop, tu sais qu’avec Chantal, le silence est de courte durée.
Une jeune femme arrive, timidement. On sent qu’elle ne connaît ni le lieu ni les gens. Elle a un sourire un peu figé, un peu crispé.
EMILIE
C’est ici la compagnie… le théâtre… je me suis adressé à la mairie et on m’a dit que… vous faites partie de la troupe ?
JACQUELINE (à Judith)
Tu vois, c’est une mode, on ne dit plus bonjour.
EMILIE
Excusez-moi, c’est parce que… bonsoir.
JUDITH
Oui c’est bien là. Bonsoir, moi c’est Judith. Et voici Jacqueline.
JACQUELINE (en insistant bien)
Bon-jour !
EMILIE
Moi c’est Emilie. Emilie Joly.
JUDITH
Ah ! Comme la chanson ?
EMILIE
Non avec un Y.
JUDITH
Bienvenue. On attend les autres. Ce soir c’est le premier rendez-vous de l’année alors notre petite réunion aura plutôt un côté informatif… et festif. C’est l’anniversaire de Jacqueline.
EMILIE
Oh ! Bon anniversaire madame.
JACQUELINE
Merci mademoiselle.
JUDITH
D’où le champagne.
EMILIE
Et les gâteaux. (à Jacqueline) C’est vous qui avez fait tout ça ?
JACQUELINE
Non, je les ai achetés.
EMILIE
Ah…
JACQUELINE
Et on ne me demande pas quel âge ça me fait !
Chantal arrive du côté Cour (on peut entendre une chasse d’eau), toujours en courant. Elle envoie des bises à la volée, se rue sur son sac et retraverse la salle pour ressortir.
CHANTAL
Bisous, bisous, bisous. Excusez-moi, j’ai laissé la voiture au milieu du carrefour, je ne tenais plus. (elle est sortie)
JUDITH
Tu vois, elle a dit bonjour.
JACQUELINE
Elle n’a pas dit bonjour, elle a dit bisous-bisous-bisous, ce n’est pas la même chose.
JUDITH
Tu as bien vu qu’elle retournait à sa voiture.
JACQUELINE
Et ça veut dire quoi ? Qu’elle est venue juste pour pisser ? Elle n’a pas dit qu’elle revenait.
JUDITH (à Emilie)
Jacqueline est très à cheval sur la politesse.
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