
Genre : monologue
Distribution : 1 ou plusieurs femmes
Editeur : La Fontaine
Résumé :
Tantôt naïves, drôles, caustiques ou révoltées, des femmes se racontent. Elles attendent, espèrent, rêvent l’homme de leur vie. Quelquefois le quotidien les a salement meurtries. Mais elles ne perdent ni l’humour, ni la vitalité. Chaque portrait renferme en lui un concentré d’humanité.
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Extrait
…/…
CE QUE JE VOUDRAIS
Je voudrais un chien. Pas un trop gros. Ni un trop petit. Un qui fasse bien dans mon appartement. Avec le poil pas trop long. Ni trop court. Mais qui lui tienne bien au corps à cause de la moquette. Je voudrais un chien qui me fasse de l’usage parce que je déteste tout ce qui est provisoire.
Je l’appellerais Vava, c’est court, c’est vite dit, ça fait gagner du temps et je n’aurais pas d’effort à faire pour m’en souvenir parce que c’était le nom de toutes mes poupées.
Je voudrais un livre. De Kierkegaard. N’importe lequel. C’est pour avoir un auteur à la lettre K dans ma bibliothèque.
Je voudrais une drôle de voix. Pas forcément jolie. Même si elle pouvait être un peu agaçante, ça me plairait. Une voix qu’on identifie dès la première syllabe. Comme celles de Daffy Duck ou Bugs Bunny. Une voix tellement reconnaissable que ça m’éviterait de dire au téléphone : c’est moi, vous savez, Jocelyne …Jocelyne Pinardière.
Je voudrais un spermatozoïde. Un seul. Un pas bon, qui ne serait pas arrivé premier dans la course à l’ovule, même un moche, je m’en fiche, c’est pas pour faire un enfant c’est pour savoir ce que ça fait d’en avoir un dans le corps.
Je voudrais du vent, là, maintenant, un bon coup de vent qui s’engouffrerait sous ma robe et dévoilerait ma culotte à tout le monde. Comme Marilyn dans un film que j’ai pas vu. Je voudrais qu’il aille où les doigts ne sont jamais allés. Je voudrais un vent doux et chaud avec des langues humides qui donneraient la chair de poule. Je voudrais connaître le grand frisson.
Je voudrais perdre dix kilos, flotter dans mes vêtements, les perdre en marchant, courir, sauter, flotter dans l’air, nue, avec un arc et des flèches pour viser les chiens de garde et les concierges pas sympas.
Je voudrais ranger les planètes dans l’univers, par taille de grandeur, balayer les étoiles mortes, organiser une bataille de nuages avec Saint Pierre, repeindre la lune en rouge pour énerver les enfants qui dorment, je voudrais raccourcir les distances entre le système solaire et les autres.
Parce qu’il y en a marre de l’infini !
Je voudrais connaître mon voisin du dessous, celui qui a un paillasson en forme de cocotier et de la ciboulette sur son balcon.
Je voudrais que la nana du dessus arrête de jeter ses clopes sur ma terrasse.
Je voudrais un arbre sur le parking.
Des cacahuètes d’un kilo pour l’apéro.
Autre chose que de la pub dans ma boîte à lettres.
Un sourire dans l’ascenseur.
Un bonjour.
Un merci.
Pas tout le temps…
De temps en temps.
Je voudrais
Un peu de soleil dans ma cuisine.
Des fleurs dans un vase.
Un lit à deux places.
Un rasoir dans la salle de bains.
Un homme.
Avec un slip.
J’adore les hommes en slip.
J’adore les slips.
Et les hommes aussi.
J’en voudrais.
Un.
Un seul.
Même un petit.
Même pas beau.
Juste pour voir comment ça fait d’en serrer un dans ses bras.













































