
Genre : comédie gastronomique
Distribution : 2 femmes, 1 homme
Durée : 1h30
Editeur : La Fontaine
Résumé :
Une comédie gourmande, un spectacle pétillant sur les plaisirs de la table au XVIIIe siècle. Un tourbillon de rires.
Début XVIIIe siècle, dans les cuisines d’un château, une intendante face à l’impertinence de ses serviteurs, tente d’organiser la réception des invités. Si tout va mal, l’ambiance est pourtant au badinage et aux plaisirs de la chair. Dans l’esprit de la Commedia dell’arte, une découverte goûteuse de l’histoire du vin et de tout ce qui l’accompagne.
Spectacle interactif, enlevé, qui ouvre les appétits, satisfaits par une dégustation à l’issue du spectacle.
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Extrait
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NERINE (ferme)
Lisette, reposez ce carafon et venez ici. J’ai des mots à vous dire !
LISETTE
Oh lala, le travail ne sera jamais prêt en heure si l’on nous interrompt sans cesse.
NERINE
Taisez-vous ! Vous êtes grise ! Croyez-vous que cela soit une attitude correcte ?
LISETTE (au public)
Tenez-vous donc assis sur les chaises car si l’intendante entre dans un sermon nous ne sommes pas couchés.
FRITELLINO (moqueur)
Madame a raison. Lisette, pour connaître l’origine et la qualité d’un vin, il n’est pas utile d’en boire le tonneau.
LISETTE
Je ne bois pas, je goûte.
NERINE
Eh bien goûtez sans boire ! Car je vous trouve insolente comme vous ne l’êtes pas quand vous buvez de l’eau.
LISETTE
C’est que l’ivresse fait dire les mots qu’on aurait pu dire en étant sobre.
NERINE
Beuh… Je ne comprends rien à ce que vous dites, c’est pour moi du chinois.
LISETTE
C’est en effet un proverbe chinois.
NERINE
Il suffit ! Vous me tenez tête et je n’aime guère cela. J’ai des responsabilités, moi ! Monsieur Voltaire va arriver d’un instant à l’autre, le maître également, les invités patientent en ma compagnie et goûtent les histoires vinicoles que je leur narre mais j’aimerais que l’intendance soit en harmonie, que l’on s’active et que tout soit prêt à l’heure H du jour J.
FRITELLINO
Telle est ma devise ! Le bon domestique est celui qui sert avec exactitude… et se sert avec discrétion.
LISETTE
Et j’en connais d’aucun qui se sert même de ce qu’on ne lui a pas permis.
NERINE
Suffit ! Fritellino, activez-vous auprès de votre casserole et laissez donc Lisette tranquille…
FRITELLINO
C’est que je la trouve bien chaude.
LISETTE
Qui, moi ?
FRITELLINO
Non, ma casserole.
NERINE
Eh bien prenez un torchon pour lui mettre la main dessus.
FRITELLINO
C’est ce que j’ai fait ! Mais elle me fait un tel effet que ça me traverse le tissu et que ça me frictionne la chair ?
LISETTE
Qui, moi ?
FRITELLINO
Non, ma casserole.
NERINE
Si elle vous brûle dans ce sens, prenez-la donc par derrière.
FRITELLINO
C’est qu’elle est chaude de partout.
LISETTE
Qui, moi ?
FRITELLINO
Non, la casserole.
NERINE
Enfin Fritellino, ce n’est tout de même pas à moi à vous montrer comment vous y prendre.
FRITELLINO
Je n’osais vous le demander, ne vous ayant jamais trouvée en proie à une telle chaleur.
NERINE (s’énervant)
Eh bien refroidis-la ! Mouille-la au corps et à la queue, souffle-lui dessus, donne lui quelques tapes avec un linge humide, frictionne-la ! Fais retomber sa température !
FRITELLINO
Je l’ai déjà trempée jusqu’au cul sans la refroidir pour autant !
LISETTE
Qui, moi ?
FRITELLINO
Mais non, la casserole !
NERINE
Ah, que d’histoires pour une casserole ! Eh bien fais comme avec une femme, changes-en et prends-en une plus conciliante !
FRITELLINO
C’est que, celle-là, j’y suis habitué et qu’elle me plait bien.
LISETTE
Tu parles de ta casserole, bien sûr ?
FRITELLINO
Bien sûr, Lisette. Depuis un quart d’heure !
NERINE
Et c’est un quart d’heure que vous n’avez pas employé à la préparation du repas. Je vais accompagner nos invités à la salle de réception mais auparavant, et pour ouvrir leur appétit, veuillez nous donner connaissance du menu.
FRITELLINO
Oh c’est un menu qui risque fort de donner la salive aux bouches les plus sèches.
LISETTE
De la langue aux muets et du nerf aux eunuques !
FRITELLINO
Rien qu’à vous l’évoquer vous aurez la pépie, la fringale, les dents en castagnettes, la langue sur les bottines et la panse toute ratatinée !
LISETTE
Si vous avez déjà grignoté un encas, mettez-vous deux bons doigts en bouche pour y faire de la place.
FRITELLINO
C’est un menu plus fin que la dentelle de Lisette.
LISETTE
Un menu grassouillet comme la tripe de son cuistot.
FRITELLINO
A le humer déjà on se meurt de plaisir.
LISETTE
A l’avoir sous son œil on tombe dans les pommes.
FRITELLINO
Ficelez-vous à votre chaise, Mesdames et Messieurs, car vous aurez bien du mal à ne pas vous ruer sur le fourneau.
LISETTE
Retenez vos jurons, Messieurs, sachez souffrir comme chez vos maîtresses qui vous font si délicieusement languir.
FRITELLINO
Et vous, frêles Damoiselles, rangez vos abattis, car à la fin du message je crains pour vos gigots ou vos pommes d’amour.
…/…




















